Doulon Gohards = A69 de Nantes : entre expulsion des plus précaires, destruction d’espaces protégés en pleine période de nidification et assèchement de zones humides, rien ne change dans le monde des bétonneurs.

Comme souvent, la ville profite de l’été pour commettre ses méfaits en douce. Comme on l’a expliqué précédemment et comme l’a transmis un communiqué commun de Roata (association qui accompagne des habitant.es des bidonvilles alentour) et Sauvons les Gohards, la ville a accéléré son processus d’expulsion. Les grandes lignes sur leur réseau ou encore ici : https://france3-regions.franceinfo.fr/pays-de-la-loire/loire-atlantique/nantes/les-politiques-s-en-foutent-de-nous-des-familles-roms-menacees-d-expulsion-a-cause-d-un-projet-d-urbanisation-3198822.html

D’ici le 28 août, 70 personnes de plus seront expulsées. 

Pour rappel, depuis la fin de la trêve hivernale il s’agit de la quatrième expulsion de roms.


La ville ambitionne « la disparation à terme de ces lieux de vie indignes en répondant aux situations des personnes, avec le double soucis d’humanité – accès aux droits, et de fermeté – respect du droit ». Pourtant, Roata propose depuis des années des solutions toujours ignorées : pérennisation d’espace actuel ou recherche d’un endroit adapté (au sens de la métropole qui plus est !). On vous met à la fin un article de Reporterre dans lequel Philippe, fondateur de l’association, expliquait « que, quand il y aura la ZAC, on en profite pour imaginer ne serait-ce que 1 % de logement très social, par exemple quatre terrains pour toutes les familles ». Quand le Jardin des Ronces refusait de participer aux concertations, Roata, pourtant lucide sur le côté clownesque de celles-ci, s’y rendait quand même, car chaque petite victoire a un impact sur la vie de ces personnes.

Dans les années 2010, Roata revendiquait : Pas d’expulsions. Dans les années 2020, Roata ajoutait : Pas d’expulsions sans solution de (re)logement. En 2025, Roata appelle à marteler : Pas d’expulsions sans solutions concertées de (re)logement.


Il est essentiel d’appuyer un constat : la ville ne cherche absolument pas à aider avec humanité les roms. Elle les utilise ou les délaisse selon les besoins

Elle les délaisse face aux entreprises qui multiplient les dépôts sauvages pour ne pas payer les déchetteries. Elle les délaisse quand iels réclament de la stabilité et de meilleures conditions (l’accès à l’eau et l’électricité simplement).

Elle les utilise pour faire tourner les agri industriels du coin (et autres boulot dont personne ne veut). Et, puisqu’il faut bien parler du projet Doulon-Gohards, elle les utilise pour compenser ses projets destructeurs.


Malgré cela, la ville affirme toujours la même chose : pas d’expulsion sans relogement. Très bien, mais de quel relogement parlons nous ici précisément. 

La mairie a prévenu Roata et les familles qu’un « terrain de repli » avait été trouvé. Terrain de repli, transitoire, temporaire, de stabilisation… iels sont habitué.es à ce changement constant de vocabulaire pour dire toujours la même chose. La ville va les expulser d’une zone précaire mais où iels sont au moins installé.es depuis plusieurs années, pour une nouvelle zone dans laquelle iels ne resteront pas longtemps.

Comme la Mairie a le sens de l’humour, elle a jeté son dévolu sur la parcelle voisine des Ronces, dont on vous a déjà parlé plusieurs fois : https://lesronces.noblogs.org/post/2025/07/17/nouvelles-de-la-parcelle-voisine-destruction-et-occupation/ 

Ce n’est une solution pour personne.

D’abord parce que c’est une zone humide. On ne dit pas ça ici pour la caractérisation technique blablabla. Non, c’est tout simplement humide. L’hiver, la nappe est affleurante et une partie du terrain est gorgée d’eau (photos dans l’article cité plus haut). Un souci d’humanité, ah oui ?

Ce n’est pas non plus une solution pour Nantes Métropole. Il y est toujours prévu des logements, d’ici 2030, ce qui signifiera un nouveau déplacement. Un souci d’humanité, ah oui ? Ou alors, compte elle sur une stratégie éprouvée : laisser pourrir la situation (condition précaire, dépôt sauvage, colère du voisinage, …), ce qui justifiera plus facilement de remplacer cette friche par une dalle de béton. Ce n’est pas chercher un complot, c’est l’usage.

La colère du voisinage est arrivée rapidement jusqu’à nos oreilles (et sûrement à celle de la mairie). Nous souhaitons leur transmettre une invitation à la discussion. Le problème vient de la gestion chaotique de la ville, pas des roms.


Ne nous trompons pas de cible. Militons pour conserver nos derniers espaces sans béton, militons pour une vie décente pour tous les habitant.es et particulièrement les plus précaires.

Cerise sur le gâteau; l’expulsion est prévue pour le 28 aout; la veille de la rentrée des classes; difficile de faire pire comme timing.

On vous tient au courant si du soutient devient nécessaire.


Quelques articles :

https://reporterre.net/A-Nantes-on-va-remplacer-les-Roms-par-des-grenouilles
https://france3-regions.franceinfo.fr/pays-de-la-loire/loire-atlantique/nantes/les-politiques-s-en-foutent-de-nous-des-familles-roms-menacees-d-expulsion-a-cause-d-un-projet-d-urbanisation-3198822.html
https://www.lefigaro.fr/nantes/nantes-des-familles-roms-obtiennent-un-accord-tacite-de-non-expulsion-de-leur-bidonville-20250731
https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/on-ne-veut-pas-dun-bidonville-un-projet-de-terrain-daccueil-de-roms-inquiete-a-nantes-b3e6c10c-745e-11f0-9d15-80a5c5d7922a

Nouvelles de la parcelle voisine : destruction et occupation

En mars, nous vous parlions de la parcelle voisine des Ronces (https://lesronces.noblogs.org/post/2025/03/28/nantes-metropole-sattaque-aux-espaces-naturels/). 1 hectare d’ancienne tenue maraîchère, laisser en friche depuis plusieurs décennies, et maintenant menacées par les constructions dans le cadre du projet Doulon Gohards.

Pour Nantes Métropole, il s’agit une zone inutile, sans usage, qu’il faut (re)conquérir. Pour nous, une zone de vie non humaine, de respiration extrêmement précieuse.

La parcelle en question


Il s’est passé pas mal de choses depuis, on vous raconte.

Zone humide menacée

Quelques temps avant le passage de la ville (février dernier environ), nous nous étions baladé.es dans la zone. Pour tout vous dire, on cherchait les traces de passages de sangliers.


Vu l’humidité du sol et la nappe phréatique affleurante visible depuis l’ancien puit, nous nous sommes questionné.es sur la limite de la zone humide dans le quartier. Pour info, la métropole reconnaît la présence de certaines zones humides, notamment plus au sud. Ici, elle affirme que non et prévoit donc la construction de logements (cf image précédente).

Photo prise pendant le mois de février, la fameuse parcelle. On pataugeait bien alors qu’il n’y avait pas eu de pluie les derniers jours

Nous avons aidé une naturaliste à faire des analyses de sol à différents endroits de la zone. On a pas le budget pour faire un quadrillage, mais 4 sondages pédologiques ont tout de même pu être réalisés. Et bien, malgré la bonne dose de sable héritée du passé maraîcher, 3 sondages sont caractéristiques de sols humides (+ la présence d’espèces caractéristiques comme le Jonc diffus ou la Renoncule rampante).

A gauche, la documentation plus ou moins officielle qu’on a trouvé. A droite, les résultats du sondage qui vient d’être réalisé


Si nous n’avions pas besoin de la caractérisation en zone humide pour nous opposer au projet, on espère que ces éléments pourront convaincre de nouvelles personnes. On mettra à dispo le document avec tous les détails techniques qu’on comprend pas trop trop.

Le hasard a fait que quelques semaines plus tard, la ville est venue tout rasée. Comme on vous l’avait dit, les travaux ne sont pas annoncés dans la zone avant plusieurs années, la raison de cette action est donc probablement plus indirecte : éviter qu’on trouve des éléments supplémentaires à charge (une espèce protégée en plus par exemple) voire que la zone soit occupée. Et c’est vraisemblablement très efficace, raser un lieu de vie pour un tas d’espèces juste au début de la période de nidification va faire beaucoup de mal.

Photo prise début mars, quelques jours après le passage de la ville

Tentative d’occupation

On s’est pas laissé.e abattre après cette nouvelle. Nous n’avions pas l’intention de venir grignoter le roncier pour installer de nouvelles cultures (cet équilibre est déjà bien discuté sur la parcelle des ronces) mais, aucun retour en arrière n’étant possible (éviter – réduire – compenser – et mon cul sur la commode), nous avons tenté une nouvelle phase d’occupation, stratégie de lutte intrinsèque de notre collectif.


Grace à la récupération de 200 arbres fruitiers, nous avons lancé un verger. Avec l’aide d’une 20aine de personnes et un soutien d’habitant.es du quartier, nous avons accompli cet énorme travail.


Le but de tout ça : lancer l’occupation, sans nécessité d’y passer trop de temps pour l’instant, et en espérant qu’un tel verger autogéré susciterait de l’enthousiasme dans le quartier (et donc, de la résistance face au béton).

Un joyeux chantier plantation d’arbres fruitiers

Malheureusement, tout ca a été détruit. Vers avril/mai, la ville est revenue avec ses machines pour poser des énormes pierres sur toute la parcelle.
On est sur la politique de la terre brûlée : tout détruire, empêcher par tout le moyen un retour du vivant. Aucune idée de la légalité de l’action. Pour la légitimité, on vous laisse vous faire votre avis.


La stratégie est bien rodée, c’est la même juste au nord de la louëtrie (tout rasé, avec des gros tas de terre pour éviter des installations).

Photo prise en mai


Rien de réjouissant, on sait. Mais une base de résistance est là, elle s’organise. On invite encore une fois à venir à notre rencontre ou nous contacter si vous voulez nous soutenir. Un nouvel évènement est en préparation pour la rentrée, pour parler de tout ca (et refaire un peu la fête).

Nantes Métropole s’attaque aux espaces naturels

La parcelle voisine du jardin des Ronces, une belle friche avec une zone humide à l’intérieur (croisement rue Noé Garreau et rue des petites rues), a été rasée par Nantes Métropole il y a quelques semaines. Alors même que la ville se vante de « réhabiliter des espaces en friche pour accueillir plus de biodiversité », cette parcelle cachée et jusque la préservée paye les frais du double jeu du projet d’aménagement (impact environnemental et impact médiatique). Les travaux sur cette parcelle n’étant pas prévu, rien ne justifie des travaux de cet ampleur.

          Le dernier Nantes Passion

Nous vous invitons lire notre post sur la dé-bétonnisation à la Petite Hollande (spoiler alert, c’est tout pareil 🤡).

« Loin des yeux, loin du coeur ! » Cette coupe rase ne change peut être rien pour les habitant.es Sapiens sapiens du quartier. En revanche pour la biodiversité chère à Nantes Métropole, il lui faudra aller voir ailleurs : moins de nourriture à tous les maillons de la chaîne (fleurs, insectes), moins de refuges, c’est une attaque à la biodiversité, au tout début de la période de nidification.

 

Les photos montrent l’état ce lieu avant et après l’intervention, nous vous laissons constater par vous mêmes les photos datant de début mars, et celles juste avant.

Avant le passage de Nantes Métropole

 

 

 

 

 

 

et après

 

Le collectif des Ronces reste totalement opposé au projet de bétonisation et d’urbanisation porté par la ville et nous vous invitons à venir faire revivre cette parcelle rasée, ainsi que le Jardin des ronces, en la rendant accueillante pour les humains et le reste des vivants, loin des fantasme de bitume et de béton sous prétexte de la propagande vertes de leurs « éco quartiers ».

 

Deux évènements à venir en février

Le Jardin des Ronces à l’invitation de Nantes en Commun, participera à une discussion avec les habitant-e-s et usagers du quartier autour de ces grands projets qui dévorent la nature et plus particulièrement du projet de la ZAC Doulon-Gohards. Une déambulation est également prévu dans le quartier en début d’après-midi.

L’événement aura lieu le 22 février à partir de 14h Place du Vieux Doulon.

Le samedi 29 Février à Nantes, nous nous joindrons aux autres collectifs du Grand-Ouest pour une manifestation contre les projets inutiles ! Afin de stopper la logique de bétonisation, de métropolisation, de précarisation, de gentrification et de croissance économique qui détruisent notre avenir commun !

Rendez-vous 12h à Nantes au miroir d’eau.

Nous vous invitons à venir nombreux nous rejoindre dans ces luttes !