En mars, nous vous parlions de la parcelle voisine des Ronces (https://lesronces.noblogs.org/post/2025/03/28/nantes-metropole-sattaque-aux-espaces-naturels/). 1 hectare d’ancienne tenue maraîchère, laisser en friche depuis plusieurs décennies, et maintenant menacées par les constructions dans le cadre du projet Doulon Gohards.
Pour Nantes Métropole, il s’agit une zone inutile, sans usage, qu’il faut (re)conquérir. Pour nous, une zone de vie non humaine, de respiration extrêmement précieuse.
La parcelle en question
Il s’est passé pas mal de choses depuis, on vous raconte.
Zone humide menacée
Quelques temps avant le passage de la ville (février dernier environ), nous nous étions baladé.es dans la zone. Pour tout vous dire, on cherchait les traces de passages de sangliers.
Vu l’humidité du sol et la nappe phréatique affleurante visible depuis l’ancien puit, nous nous sommes questionné.es sur la limite de la zone humide dans le quartier. Pour info, la métropole reconnaît la présence de certaines zones humides, notamment plus au sud. Ici, elle affirme que non et prévoit donc la construction de logements (cf image précédente).
Photo prise pendant le mois de février, la fameuse parcelle. On pataugeait bien alors qu’il n’y avait pas eu de pluie les derniers jours
Nous avons aidé une naturaliste à faire des analyses de sol à différents endroits de la zone. On a pas le budget pour faire un quadrillage, mais 4 sondages pédologiques ont tout de même pu être réalisés. Et bien, malgré la bonne dose de sable héritée du passé maraîcher, 3 sondages sont caractéristiques de sols humides (+ la présence d’espèces caractéristiques comme le Jonc diffus ou la Renoncule rampante).
A gauche, la documentation plus ou moins officielle qu’on a trouvé. A droite, les résultats du sondage qui vient d’être réalisé
Si nous n’avions pas besoin de la caractérisation en zone humide pour nous opposer au projet, on espère que ces éléments pourront convaincre de nouvelles personnes. On mettra à dispo le document avec tous les détails techniques qu’on comprend pas trop trop.
Le hasard a fait que quelques semaines plus tard, la ville est venue tout rasée. Comme on vous l’avait dit, les travaux ne sont pas annoncés dans la zone avant plusieurs années, la raison de cette action est donc probablement plus indirecte : éviter qu’on trouve des éléments supplémentaires à charge (une espèce protégée en plus par exemple) voire que la zone soit occupée. Et c’est vraisemblablement très efficace, raser un lieu de vie pour un tas d’espèces juste au début de la période de nidification va faire beaucoup de mal.
Photo prise début mars, quelques jours après le passage de la ville
Tentative d’occupation
On s’est pas laissé.e abattre après cette nouvelle. Nous n’avions pas l’intention de venir grignoter le roncier pour installer de nouvelles cultures (cet équilibre est déjà bien discuté sur la parcelle des ronces) mais, aucun retour en arrière n’étant possible (éviter – réduire – compenser – et mon cul sur la commode), nous avons tenté une nouvelle phase d’occupation, stratégie de lutte intrinsèque de notre collectif.
Grace à la récupération de 200 arbres fruitiers, nous avons lancé un verger. Avec l’aide d’une 20aine de personnes et un soutien d’habitant.es du quartier, nous avons accompli cet énorme travail.
Le but de tout ça : lancer l’occupation, sans nécessité d’y passer trop de temps pour l’instant, et en espérant qu’un tel verger autogéré susciterait de l’enthousiasme dans le quartier (et donc, de la résistance face au béton).
Un joyeux chantier plantation d’arbres fruitiers
Malheureusement, tout ca a été détruit. Vers avril/mai, la ville est revenue avec ses machines pour poser des énormes pierres sur toute la parcelle.
On est sur la politique de la terre brûlée : tout détruire, empêcher par tout le moyen un retour du vivant. Aucune idée de la légalité de l’action. Pour la légitimité, on vous laisse vous faire votre avis.
La stratégie est bien rodée, c’est la même juste au nord de la louëtrie (tout rasé, avec des gros tas de terre pour éviter des installations).
Photo prise en mai
Rien de réjouissant, on sait. Mais une base de résistance est là, elle s’organise. On invite encore une fois à venir à notre rencontre ou nous contacter si vous voulez nous soutenir. Un nouvel évènement est en préparation pour la rentrée, pour parler de tout ca (et refaire un peu la fête).