Un article sur le blog http://alimentation-generale.fr suite à la fête du jardin le 29 juin 2014.
Un jardin au milieu des ronces
J’ai croisé Gustavo, un espagnol, autour d’un verre dans un bar de Nantes. Il m’a parlé d’un jardin dans lequel il allait de temps en temps filer des coups de main, un jardin collectif appelé Le jardin des ronces. D’après Gustavo, dimanche il y avait un repas organisé. Caméra et nom de rue en poche, on s’y est donc rendu avec Siméa.
Le jardin se trouve rue de la Papotière dans le quartier du Vieux-Doulon. A l’intérieur, nous découvrons toute une installation : une bâche tendue entre des arbres, quelques tables et des chaises, une sorte de cuisine à roue. Situé sur d’anciens terrains maraîchers, abandonnés depuis plusieurs dizaines d’années, personne ne pouvait plus y pratiquer quelque culture que ce soit. Depuis peu, la Mairie a émis le souhait de racheter les terrains afin d’y lancer un projet immobilier. Le collectif s’est donc mis à cultiver la terre et à faire pousser des légumes au milieu des ronces, aidé par ceux qui veulent bien s’y investir. « Dans le contexte d’une consommation de légumes en supermarché dont on ne sait pas grand-chose, ici au moins on les a vu pousser, on sait d’où ça vient et en plus on fait ça tous ensemble ». Le collectif prône une certaine qualité de vie, tout autant d’un point de vue de la qualité des aliments que celui du cadre urbain. Le jardin des ronces est rempli de maïs, oignons, patates, salade, tomates et autres légumes entourés, comme son nom l’indique, de ronces. S’il permet de se nourrir mieux, il permet aussi de choisir son cadre de vie et de s’impliquer dans l’aménagement de son quartier. C’est un lieu qui rassemble les habitants du coin, un lieu de rencontre, de créativité et d’animation locale.
Une cuisine à vélo, ça crée du lien social
L’association Court-circuit est en charge du repas du midi. Dans une ambiance très sympa, les membres du groupe se relaient derrière leur cuisine mobile. Ils préparent de la « caratouille », sorte de ratatouille estivale à la carotte, accompagnée d’un mijoté de courgettes. Le prix est laissé à l’appréciation des mangeurs. Pendant le repas, Feddy, un type de l’asso nous raconte. « Notre credo, c’est la récupération. Nous récupérons des légumes en fin de marché. Des glaneurs nous aident dans notre démarche ou alors on file des coups de main à certains producteurs en échange de cageots. Nous avons aussi des partenariats avec des producteurs qui nous donnent leurs invendus (ou invendables) et à la fin, on prépare la tambouille ». La cuisine n’est pas forcément très complexe, c’est même assez simple, mais c’est bon. Ils ont construit eux même leur cuisine mobile avec des matériaux de récupération : deux grandes marmites reposent sur des fourneaux à bois. Super mobile, ils la déplacent en vélo. Le seul hic : il faut pédaler. L’association est assez active dans le coin : ils participent à des évènements associatifs et bougent sur Nantes. L’argent donné par les gens lors des repas permet le financement de l’association. « En partageant un repas, on peut discuter, échanger des points de vue, se rassembler, voire s’organiser » poursuit Feddy. Pour eux, la cuisine mobile permet également de créer du lien social : avec une cuisine à vélo, il est possible d’investir l’espace public, de rencontrer des gens qu’ils n’auraient pas rencontrés autrement.
GASE, c’est une sorte d’épicerie solidaire
Au milieu des convives, il y a également une jeune fille : Léonie. Elle participe à un GASE sur Rezé, une commune de Nantes métropole. On lève un sourcil : « c’est quoi un GASE ? ». Un Groupement d’Achat Service Epicerie. L’idée est de créer une sorte d’épicerie, où l’on peut trouver toute sorte de produits dont on a besoin. Le GASE de Rezé est dans un ancien garage qu’ils ont retapé tous ensemble. C’est un lieu autogéré. Constitué en collectif, le GASE a pour vocation de donner au consommateur un autre choix que le supermarché pour acheter des produits bons et pas chers. En collaboration avec des producteurs locaux, qu’ils soutiennent donc par leur démarche, le GASE est approvisionné en légumes en provenance essentiellement des fermes alentours. Léonie nous explique qu’ainsi de simples consommateurs on peut aussi devenir producteurs. L’idée du GASE vient d’une initiative catalane, créée voici quelques années en réponse à la crise. Il s’agit de s’unir pour vivre décemment. Dans un esprit de dons, de troc ou d’échanges, le GASE commence donc avec la nourriture et le logement mais peut s’étendre à la vie en générale. Pourquoi pas une vie sans argent ? Pour contrer le capitalisme libéral omniprésent, le GASE est un début. Celle de Rezé a ouvert en décembre de l’année dernière.
Le jardin des ronces
Rue de la Papotière
Quartier du Vieux-Doulon
44000 Nantes
La compagnie du Gase
16 Rue Felix Faure
44400 Rezé